Autobiographie·BD·Contemporain·Essai·Historique·Littérature

Mini-chroniques -12- BD

Je lis autant de bandes dessinées que de romans, comme pour les romans, les albums que je lis ne sont pas tous des histoires fictives. Voici une petite sélection d’essais ou enquêtes illustrées.

Le monde sans fin et La folle histoire de la mondialisation (et Le grand bazar mondial)

Quand Christophe Blain auteur, dessinateur de bandes dessinées, et Jean-Marc Jancovici, ingénieur, conférencier, nous parlent du monde d’aujourd’hui c’est : Un monde sans fin.

J’ai bien aimé la narration, un dialogue entre les 2 auteurs, un, très professoral, et l’autre demandeur, leur échange permet d’aborder différents sujets et un point de vue historique, pour comprendre comment nous en sommes arrivés à la mondialisation, consommation, pollution, etc…
J’étais plutôt attentive voire même réceptive au discours de Jancovici, bon parfois je n’ai pas trop compris pourquoi remplacer tel chose par une autre, comme des saucisses, nous ne sommes quand même pas aussi idiots, on arrive à suivre.
Mais quand est arrivé son discours sur l’explosion de la centrale de Tchernobyl et ses 30 morts, je n’ai pas l’album sous les yeux, peut-être qu’il dit 40, bref, peu de morts et pas de séquelles pour personne. Là je ne suis pas du tout d’accord, et je suis plutôt bien informée sur le sujet, j’entends par là, que je n’ai pas uniquement regardé la série réalisée par Johan Renck, très bonne série, hyper réaliste, soit dit en passant. J’ai aussi vu nombre de reportages, lu diverses sources, j’ai même visité le site.

Je n’ai pas pour autant remis tout son discours en question, cependant il faut garder un esprit critique vis-à-vis de toutes informations quelle que soit la source. Je suis certaine que nombre d’explications qu’il donne sont justes, en revanche je ne suis pas d’accord sur la partie nucléaire, plus précisément Tchernobyl. Je n’ai pas encore suivi de conférences de Jancovici, j’irai voir par curiosité.

Faisant abstraction du ton un peu condescendant, la lecture de cet album n’en reste pas moins agréable et instructive, en tout cas plus digeste que La folle histoire de la mondialisation.
J’ai bien aimé le préambule dans lequel on découvre les auteurs, qui se mettent en scène, et nous font participer d’une certaine façon à la genèse de cet album. Mais une fois partie dans « l’explicatif » c’est beaucoup moins fluide et relativement compréhensible, ils utilisent énormément de termes économiques, le travail de vulgarisation n’est peut-être pas assez poussé.

Pour une entrée en matière, moins historique, mais tout aussi édifiante, je recommande le livre, non dessiné, de Laurence Benhamou, Le grand bazar mondial. Je l’ai lu il y a pas mal de temps maintenant mais j’en garde un souvenir marquant, l’auteur parle des négociations, des prix d’achats et de ventes, parfois on rit, mais souvent jaune…
Petite pensée pour Afflelou dont les lunettes sont fabriquées en Chine. Chine… Chine… Tchin tchin Afflelou, oui, ça ne va pas plus loin que ça…

Jusqu’à Raqqa

Je crois ne jamais avoir mis autant de temps pour lire un album.
C’est à la fois avec intérêt et appréhension que j’ai abordé celui-ci. L’envie de découvrir ce témoignage, et pour la même raison une appréhension parce qu’il s’agit d’un témoignage de guerre, qui plus est, d’un témoignage récent.

On ne peut évidemment pas s’attendre à une lecture légère avec un titre comme Jusqu’à Raqqa, un combattant français avec les Kurdes contre Daech.

J’ai d’abord fait une petite introspection de ma bibliothèque catégorie bande dessinée, il y a très peu d’histoires tirées de faits réels ou témoignages. Dans ces quelques albums il y a Morts par la France qui relate un épisode inconnu et assez peu glorieux de l’histoire française.

J’ai ensuite fait une petite recherche, pour situer Raqqa, me renseigner un petit peu sur les Kurdes même si je me souviens en avoir lu un article dans un magazine géo. Et j’ai découvert le Rojava.

Enfin petite recherche sur l’auteur, André Hébert, pseudo du protagoniste qui a écrit le livre Jusqu’à Raqqa dans lequel il raconte son engagement auprès de l’YPG, en gros la branche armée kurde en Syrie, suivi de cette adaptation graphique. Et le dessinateur Nicolas Otero, tiens, aussi dessinateur de Morts par la France, je l’avais aussi retrouvé avec 24 heures de la vie d’une femme, adaptation du roman de Stefan Zweig. J’étais plutôt sûre d’aimer la partie graphique.

Et je me doutais tout autant que j’allais découvrir un témoignage poignant, qu’on adhère ou pas à la démarche ou idéologie, là n’est pas la question. Le témoignage est bien évidemment bouleversant.
L’auteur nous fait comprendre sa démarche sans chercher à nous convaincre, il raconte avec justesse le combat des kurdes et des combattants de tous âges, de toutes nationalités qui les rejoignent et s’opposent à l’état islamique.

Le graphisme presque photographique, ainsi que la colorisation des illustrations renforcent pleinement l’écrit de ce témoignage. La lecture est à la fois poignante, voire angoissante, et instructive.
Merci à Babelio et Delcourt/Encrages sans qui je n’aurais jamais osé m’arrêter sur cet album.

L’art de voler

Je ne serais jamais allée vers ce livre de Antonio Altarriba si on ne me l’avait pas prêté.
A travers l’histoire de son père que nous raconte l’auteur, c’est aussi tout un pan de l’histoire de l’Espagne que j’ai découvert, bien sûr j’ai entendu parler de Franco, mais sans jamais vraiment avoir creusé la question. L’auteur va au-delà. À travers les aventures, la vie vécue par son père, on découvre la chute de la monarchie, la seconde république, la guerre civile, la dictature de Franco, l’exode, la deuxième guerre mondiale, son retour et exil intérieur. On a du mal à croire qu’un seul homme, enfin une génération a pu traverser tout ça, j’avoue même avoir été un peu perdue par moment.
Perdue et surtout choquée. Quand j’ai découvert l’exil des Espagnols en France, les exilés espagnols ne se sont pas tous arrêtés en France, et cet exil a été temporaire pour une grande majorité, ce que je ne n’ai pas compris et qui m’a choqué c’est l’accueil en France de ces exilés frontaliers, dans des camps d’internement !

Je n’ai pas été totalement convaincue par les graphismes, mais ça c’est un choix d’auteur, de la façon dont il a voulu narrer cette histoire, qui est foncièrement triste. De la campagne à la ville, de désillusions en désillusions, nous n’avons rien à envier de la vie de cet homme et de sa génération.

Algues vertes

J’avais entendu parler de cette histoire d’algues vertes en Bretagne, mais jamais imaginé que ça remonte à presque quarante ans. La journaliste Inès Léraud a mené une enquête de grande ampleur, on découvre depuis quand ce sujet fait l’objet d’une omerta, et pour cause ce n’est pas une fierté et il ne faudrait pas effrayer le touriste d’aller en Bretagne, même au péril de sa vie.

Il y a beaucoup d’interlocuteurs différents, entre tous les services administratifs qui ont fermés les yeux, santé, préfecture, ministère, etc… je me suis un peu perdue dans la chronologie des échanges et entre tous ces interlocuteurs, néanmoins l’essentiel est dit, et ce n’est pas en fermant les yeux que les problèmes se règlent.

Il est question de donneurs d’alertes, je trouve le terme assez négatif, peut-être parce que c’est un terme assez nouveau et qui amalgame un trop grand nombre de comportements, pas toujours dénonciateur pour une cause, je pense par exemple à certains qui ne s’interrogent pas trop avant de lancer une alerte, à ceux qui veulent faire le buzz, au détriment de vrais sujets qui devraient interpeler au plus haut point.

Je trouve ça courageux de mener une telle enquête, que l’on sent exhaustive, malheureusement le problème ne semble pas totalement résolu. Cela ne m’empêchera pas d’aller me promener en Bretagne, en revanche si je sens une odeur d’œuf pourri sur la plage, odeur reconnaissable de l’hydrogène sulfuré, gaz émanant des algues vertes et qui peut s’avérer mortel, je ferai demi-tour illico.

2 commentaires sur “Mini-chroniques -12- BD

  1. Coucou, je viens de recevoir la newsletter et là je vois mon livre alors vite j’ai été lire la chronique. Trop bien!!! Et oui nous avons fait les camps de concentration et de travail bien avant certains… mais il n’y avait pas d’autres solutions en tout cas dans l’urgence il a fallu gérer mais sinon oui histoire d’Espagne très compliquée car on en a surtout jamais entendu parler à l’école alors que depuis toujours la France et l’Espagne sont liées par leur histoire, leurs histoires et l’Histoire. C’est passionnant mais on s’y perd en effet et du coup dans le livre aussi. J’ai hâte de lire la suite … qui est en fait la même histoire mais vu par la mère …. et là il paraît que c’est un truc de fou dans cette Espagne patriarcale … je te dirais quand je l’aurais et sinon bah tu sais quoi m’offrir à mon anniv 😉 et oui je t’autorise à me l’offrir en Français comme ça je le prêterai 🙂 bisou

    Aimé par 1 personne

    1. Coucou, surprenant hier à l’aéroport je fais un stop à la presse comme d’hab et je tombe sur un Géo histoire titré Guerre d’Espagne et un dossier spécial Comment le conflit a marqué la France et Destins de réfugiés. L’occasion dans apprendre un peu plus.

      J’aime

Laisser un commentaire